5) Réacteur à sels fondus
A partir de 2011, le réacteur à sels fondus a fait l'objet d'études et de recherches en vue d'un développement comme réacteur de quatrième génération. Mais sa date prévisionnelle d'industrialisation reste plus éloignée que certains des autres concepts étudiés, notamment à cause de son mécanisme complexe encore mal connu.
Comment fonctionne t-il ?
Le réacteur à sels fondus utilise comme combustible du thorium dissous dans le sel. Le liquide de refroidissement (le caloporteur) est également du sel fondu qui va récupérer l'énergie thermique de la réaction pour entraîner une turbine et ainsi produire de l'électricité.
Le réacteur prend la forme d'une cuve métallique contenant le sel à haute température (700 à 900°C) avec une puissance de réacteur qui pourrait atteindre 1000 MWe.
La réaction nucléaire est ainsi déclenchée par la concentration en matière fissile dans le réacteur ou par le passage dans un bloc modérateur en graphite.
Ainsi on a deux types de réacteurs: les réacteurs à neutrons thermiques et les réacteurs à neutrons rapides:
- Réacteurs à neutrons thermiques. Ils utilisent un coeur en graphite qui sert de modérateur, en ralentissant les neutrons trop énergétiques afin qu'ils rencontrent les atomes et provoquent une fission. Lorsque les neutrons ont une trop grande vitesse, ils passent trop vite à proximité des atomes et donc les réactions de fission sont difficiles à obtenir. Elles sont même rares. Ainsi le liquide (sels fondus) devient critique quand il passe dans le cœur en graphite qui sert de modérateur.
- Réacteurs à neutrons rapides. Pour avoir des neutrons plus rapides qui continuent à faire des réactions de fission sans passer "à côté", on peut mettre une charge initiale plus importante de combustibles fissiles, ce qui permet ainsi de se passer de modérateur.
Pourquoi avoir choisi d'étudier ce concept ?
A priori, ce type de réacteur éliminerait ou réduirait de façon considérable la totalité des critiques faites à la filière nucléaire, à savoir la sûreté, les déchets et les faibles réserves de combustibles.
Moins de déchets.
L'utilisation du cycle du thorium ne produit que 0,1 % des déchets hautement radioactifs à longue demi-vie soit mille fois moins qu'un réacteur traditionnel.
Le réacteur à neutrons rapides permet notamment d'utiliser certains déchets nucléaires, réduisant la charge de combustibles fissiles nécessaire pour le démarrage et réduisant la dangerosité des déchets nucléaires.
De plus, les concepts les plus innovants associent au réacteur d'une puissance de 1GW une usine de retraitement qui permettrait d'extraire en continu le sel des produits de fission. Ce sel serait donc traité tous les 10 jours dans le cas d'un réacteur à neutrons thermiques et tous les six mois pour un réacteur à neutrons rapides ( le risque de capture stérile étant plus faible).
Plus de 80% des produits de fission d'un RSF à thorium sont stables en 10 ans, et les moins de 20 % restants ne sont vraiment radioactifs que pendant environ 300 ans. Ce qui simplifie considérablement la problématique du stockage géologique des déchets radioactifs.
Il permet ainsi de minimiser les déchets radioactifs et ne permet pas la prolifération militaire (la mise au point d'une bombe atomique étant délicate et dangereuse).
Plus sûr
Les risques d'accidents sont considérablement réduits, de même que les conséquences.
Les accidents d'emballement avec explosion de vapeur comme à Tchernobyl sont impossibles dans un réacteur à sels fondus. La conception du réacteur avec un cœur sous faible pression de vapeur permet d'éviter l'emballement ou même une fusion du cœur.
Il n'y a donc pas d'eau à haute pression dans le cœur (pas de risque d'explosion d'un gaz d'hydrogène) mais des sels fondus à basse pression, ce qui donne une marge importante avant l'ébullition du réacteur.
Des réserves abondantes
Ce concept utilise des combustibles suffisants pour des millénaires. En effet, le thorium est disponible en quantités 500 fois supérieures à l'uranium 235 issu des réserves conventionnelles.